Artiste inconnu•e. |
Je fais partie des rôlistes qui apprécient encore le Mythe de Cthulhu. Je dis "encore" car j'en connais de plus en plus qui commencent à saturer de l’omniprésence de Toulou dans l'imaginaire globalisé. Ça fait quelques décennies que le seigneur de R'lyeh gagne des parts de marché parmi les icônes pop et ça s'est accéléré depuis que l'œuvre de H.P. Lovecraft est tombée dans le domaine public.
Clairement, on frôle l'overdose de poulpe.
Alors, OK, certain·es en ont marre des horreurs indicibles. Soit. Mais ça n'enlève rien à ce que L'Appel de Cthulhu a pu amener comme innovations au JdR en son temps – 1981 pour rappel –, aussi bien en termes de règles (la SAN, les compétences, le d100...), que d'univers (l'Horreur cosmique) ou de scénarios (l'enquête, "ne vous attachez pas à vos PJ"...). Et, perso, en tant que simple joueur, je fais partie des grands fans de ce jeu. Sachant que j'ai l'habitude de jouer avec les règles de la VF de 1984 (autrement plus simple que les dernières éditions): la simplicité, Gros!
Yep: j'aime jouer à L'AdC. J'aime le jeu et j'aime son univers. Vraiment.
De l'œuvre de HPL, j'ai particulièrement apprécié Les Montagnes hallucinées, Le Cauchemar d'Innsmouth et La Couleur tombée du ciel. Ses autres nouvelles, celles que j'ai lues du moins, m'ont laissé beaucoup plus indifférent. Il faut dire que j'ai dû mal avec tous ces textes sans dialogue, sans femmes, sans désir, sans amour, avec des narrateurs facilement interchangeables... C'est un peu aride tout ça.
Mais quel univers!
HPL ne cherchait pas à créer une mythologie. Ce sont ses "successeurs" – et August Derleth le premier – qui vont élaborer ce que nous appelons "le Mythe". Lovecraft voyait ses créations de façon beaucoup moins formelle et académique, ce qui se tient si l'on considère que, par nature, les entités du Mythe sont indicibles. Et, assez régulièrement, non-euclidiennes.
Pour vous représenter ce que l'œuvre de HPL peut avoir de dérangeant – et vous montrer que cette même œuvre est toujours vivante, féconde et innovante –, je ne saurais trop vous recommander la lecture de Neonomicon et Providence, deux séries de BD écrites par Alan Moore et dessinées par Jacen Burrows. Dans un registre cinématographique, regardez aussi le un peu plus ancien L'Antre de la Folie, de Big John.
Bref, j'ai très envie de mettre du Mythe dans mon univers maison.
Et je pourrais. Même commercialement: l'œuvre est libre de droits. D'ailleurs j'en ai déjà mis en évoquant un sinistre empire Tcho-Tcho au cœur de l'Asie de la Terre du Verseau. Une référence explicite.
Sauf que, comme dit au début de ce post, il y a moyen de saturer méchamment de Toulou à toutes les sauces... Comment faire?
Ben j'ai bien une solution.
C'est celle adoptée, avec maestria, par Alan Moore dans Neonomicon et Providence. C'est aussi celle utilisée, de façon beaucoup plus grossière, par Kevin Siembieda pour Rifts et d'autres jeux de rôle Palladium Books: se servir du Mythe sans jamais le nommer.
Alors, attention: Alan Moore fait référence au Mythe de façon implicite tandis que Kevin Siembieda transforme tout à sa sauce (et un Shoggoth n'y reconnaîtrait pas ses petits). Mon idée à moi c'est de faire quelque chose entre les deux: mettre du Mythe dans mon background mais sans le nommer et en changeant suffisamment d'éléments pour que son origine lovecraftienne n'ait plus rien d'évident.
Très concrètement, ça donnerait les éléments suivants:
Sur le fond, j'espère que les sinistres entités de mon Multivers seront aussi terrifiantes que celles de HPL. Même si ça doit se jouer sur d'autres aspects que ceux que prisait le Reclus de Providence car, clairement, Lovecraft et moi, nous n'avons pas trop les mêmes goûts en matière d'histoires...
En fait je ne veux pas du Mythe de Cthulhu tel quel. Je veux ce que celui-ci inspire. Ce qu'il m'inspire!
Hum... Il faudra peut-être que je trouve un autre nom à mes Tcho-Tcho du coup...
Clairement, on frôle l'overdose de poulpe.
Alors, OK, certain·es en ont marre des horreurs indicibles. Soit. Mais ça n'enlève rien à ce que L'Appel de Cthulhu a pu amener comme innovations au JdR en son temps – 1981 pour rappel –, aussi bien en termes de règles (la SAN, les compétences, le d100...), que d'univers (l'Horreur cosmique) ou de scénarios (l'enquête, "ne vous attachez pas à vos PJ"...). Et, perso, en tant que simple joueur, je fais partie des grands fans de ce jeu. Sachant que j'ai l'habitude de jouer avec les règles de la VF de 1984 (autrement plus simple que les dernières éditions): la simplicité, Gros!
Yep: j'aime jouer à L'AdC. J'aime le jeu et j'aime son univers. Vraiment.
De l'œuvre de HPL, j'ai particulièrement apprécié Les Montagnes hallucinées, Le Cauchemar d'Innsmouth et La Couleur tombée du ciel. Ses autres nouvelles, celles que j'ai lues du moins, m'ont laissé beaucoup plus indifférent. Il faut dire que j'ai dû mal avec tous ces textes sans dialogue, sans femmes, sans désir, sans amour, avec des narrateurs facilement interchangeables... C'est un peu aride tout ça.
Mais quel univers!
HPL ne cherchait pas à créer une mythologie. Ce sont ses "successeurs" – et August Derleth le premier – qui vont élaborer ce que nous appelons "le Mythe". Lovecraft voyait ses créations de façon beaucoup moins formelle et académique, ce qui se tient si l'on considère que, par nature, les entités du Mythe sont indicibles. Et, assez régulièrement, non-euclidiennes.
Pour vous représenter ce que l'œuvre de HPL peut avoir de dérangeant – et vous montrer que cette même œuvre est toujours vivante, féconde et innovante –, je ne saurais trop vous recommander la lecture de Neonomicon et Providence, deux séries de BD écrites par Alan Moore et dessinées par Jacen Burrows. Dans un registre cinématographique, regardez aussi le un peu plus ancien L'Antre de la Folie, de Big John.
Bref, j'ai très envie de mettre du Mythe dans mon univers maison.
Et je pourrais. Même commercialement: l'œuvre est libre de droits. D'ailleurs j'en ai déjà mis en évoquant un sinistre empire Tcho-Tcho au cœur de l'Asie de la Terre du Verseau. Une référence explicite.
Sauf que, comme dit au début de ce post, il y a moyen de saturer méchamment de Toulou à toutes les sauces... Comment faire?
Ben j'ai bien une solution.
C'est celle adoptée, avec maestria, par Alan Moore dans Neonomicon et Providence. C'est aussi celle utilisée, de façon beaucoup plus grossière, par Kevin Siembieda pour Rifts et d'autres jeux de rôle Palladium Books: se servir du Mythe sans jamais le nommer.
Alors, attention: Alan Moore fait référence au Mythe de façon implicite tandis que Kevin Siembieda transforme tout à sa sauce (et un Shoggoth n'y reconnaîtrait pas ses petits). Mon idée à moi c'est de faire quelque chose entre les deux: mettre du Mythe dans mon background mais sans le nommer et en changeant suffisamment d'éléments pour que son origine lovecraftienne n'ait plus rien d'évident.
Très concrètement, ça donnerait les éléments suivants:
- Une entité pourvoyeuse de rêves étranges repose dans une cité engloutie cyclopéenne sous les eaux du Pacifique, au Point Nemo [Cthulhu].
- Une autre entité sous-marine bien vivante se fait adorer par des créatures océaniques [Dagon].
- Un pharaon dément règne en Égypte et son culte se répand dans les mégacités de la Terre du Verseau [Nyarlathotep].
- Une créature malveillante hante les terres gelées de l'Arctique [Ithaqua].
- Un "sultan des démons" trône au cœur de l'univers [Azathoth].
- Une entité à la fécondité malsaine et corrompue erre dans les forêts profondes [Shub-Niggurath].
- Un seigneur de l'espace et du temps livre des secrets aux sorciers et magiciens [Yog-Sothoth].
- Et cetera (plus les cités oubliées, les races extra-terrestres chelous, les créatures, les livres qui rendent zinzin...).
Sur le fond, j'espère que les sinistres entités de mon Multivers seront aussi terrifiantes que celles de HPL. Même si ça doit se jouer sur d'autres aspects que ceux que prisait le Reclus de Providence car, clairement, Lovecraft et moi, nous n'avons pas trop les mêmes goûts en matière d'histoires...
En fait je ne veux pas du Mythe de Cthulhu tel quel. Je veux ce que celui-ci inspire. Ce qu'il m'inspire!
Hum... Il faudra peut-être que je trouve un autre nom à mes Tcho-Tcho du coup...
Illustration de Jacen Burrows. |
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