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Couverture de Casus Belli n°55.
Par Olivier Vatine. |
Aujourd'hui, je vous propose un mini-setting mêlant S-F et Horreur inspiré de la couverture de Casus Belli n°55, par Olivier Vatine: Alastor 55.
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Un peu d'Histoire
An 2168 : L'ONU vient de perdre la Première Guerre des Autonomes. L'Assemblée générale reconnaît le droit aux planètes colonisées indépendantes de facto de s'auto-gérer comme elles l'entendent. L'appartenance de ces mondes aux Nations Unies devient purement théorique.
L'article 3 du traité de paix autorise de nouvelles communautés à s'affranchir de la tutelle terrienne lorsqu'elles colonisent un nouveau monde.
An 2175 : Des membres de l'Église Luciférienne Unifiée, fuyant le retour en force des fondamentalismes monothéistes sur Terre et sur Mars, s'installent sur Alastor 55. Ce petit satellite, forestier et marécageux, d'une géante gazeuse située dans
le bras Écu-Croix, a été terraformée et peut accueillir ses premiers colons.
An 2185 : Les Luciférien·es sont devenu·es largement majoritaires et votent massivement pour l'indépendance d'Alastor 55. L'ONU, en vertu des traités signés, reconnaît la souveraineté de la lune brune dans les semaines qui suivent. Et ceci en dépit des cris outragés des curés, rabbins et imams terriens, scandalisés par l'existence d'un monde indépendant de "satanistes". Les relations entre la lune souveraine et le reste de la Sphère humaine sont interrompues. Totalement.
An 2196 : L'Alliance des Planètes Libres est vaincue par les Nations Unies lors de la Seconde Guerre des Autonomes. Alastor 55, enfermé dans son splendide isolement, n'a pas pris part au conflit. Les Nations Unies abolissent les traités et reprennent le contrôle des mondes majeurs.
An 2198 : Une escadre terrienne lance un ultimatum aux autorités d'Alastor 55: la lune doit rouvrir ses frontières et reprendre contact avec l'ONU. Silence radio. Une division d'infanterie est débarquée. Les casques bleus découvrent un monde en proie au chaos. Les habitant·es se déchirent dans un conflit larvé interminable entre les différentes chapelles satanistes depuis cinq ans. Les militaires terrien·nes découvrent des communautés où l'esclavage, le meurtre, le cannibalisme, la nécrophilie, le viol, la torture physique et psychologique et les sacrifices humains sont systématiques et encouragés.
Peut-être plus inquiétant encore : de nombreux phénomènes surnaturels mortels accablent la population alastorienne de manière croissante. Les autochtones parlent des "démons et démones" arrivées sur Alastor suite aux rituels menés par les différents groupes lucifériens. Qu'il y aurait sur le satellite quelque chose de propice à la magie la plus sombre...
An 2199 : Le bilan économique d'Alastor 55 est jugé nul par les Nations Unies, contrairement au coût de l'occupation du satellite. Les troupes terriennes rembarquent. Les casques bleus et fonctionnaires de l'ONU qui ont foulé le sol de la lune évoquent "une fosse d'abominations", "une antichambre de l'horreur", "un gouffre d'inhumanité", "les portes de l'enfer"...
An 2207 : Des habitant·es d'Alastor appellent les Nations Unies au secours. Les "démon·es" et les satanistes "extrémistes" seraient en train de prendre le contrôle de la lune. L'ONU ne répond pas à la requête.
An 2210 : Une expédition corporatiste trouve du charbon et du pétrole dans un coin isolé d'Alastor 55. Les gisements sont gigantesques. Suite à cette découverte, l'ONU décide de revenir sur Alastor pour "venir en aide à la population alastorienne prise en otage par de dangereux fanatiques".
Les casques bleus débarqués en premier découvrent une planète qui a basculé dans les ténèbres. Mais, pour l'ONU et le Bloc Corporatiste derrière elle, il est hors de question que les démon·es, les sorcières , les mages noirs et les satanistes fanatiques viennent entraver l'exploitation des richesses de la lune brune.
C'est là que les PJ entrent en jeu.
On joue qui ?
Des agent·es de l'ONU envoyé·es sur Alastor 55.
Officiellement : il·elles sont chargé·es de "porter assistance" à la population locale et de rétablir "l'état de droit" sur Alastor 55.
Officieusement : il·elles doivent permettre l'exploitation du charbon et du pétrole du satellite sans interférence des indigènes.
Votre race : humain·e, clone, mutant·e, cyborg, psionique, robot, synthétique... Il n'y a pas d'extra-terrestres en tant que tels dans Alastor 55. Et n'oubliez pas que les différent mondes colonisés – y compris les stations orbitales, les astéroïdes et les nomades – ont créé autant de nouvelles physiologies humaines.
Votre classe : légionnaire, mentat, scientifique, technicien, prêtre, éclaireur, corporate, journaliste, humanitaire...
Alastor 55, ça ressemble à quoi ?
La lune est essentiellement couverte de forêts et de marais. Mais vous y trouverez aussi des montagnes, des prairies, des déserts... L'océan ne couvre que 6% de la surface. Si les températures sont assez variables, de polaires à tropicales, le climat est cependant très humide. Le brouillard, la pluie et la neige sont omniprésentes. Et les tempêtes ne sont pas rares.
Si la faune et la flore sont d'origine terriennes, on observe de nombreuses mutations locales. Certaines de ces mutations se révélant plutôt dangereuses pour l'être humain.
Un endroit sinistre en fait.
Qui sont les Alastoriens et les Alastoriennes "indigènes" ?
Des humain·es, satanistes à 99,99%. Mais le culte qu'il·elles rendent à Satan peut prendre de nombreuses formes. On compte six sectes qui rassemblent la plus grande partie de la population indigène. Si toutes pratiquent la magie noire, toutes ne versent pas dans les excès sanguinaires qu'on leur attribue dans les bars de Mars et sur les ondes des radios terriennes.
Les Porteur·ses de Lumière. Mélange improbable entre des puritain·es et des gothiques, les Porteurs et Porteuses de Lumière sont des satanistes "traditionalistes". Adorateurs·trices de l'Ange déchu, il·elles se montrent particulièrement poli·es, sociables... et un peu froid·es.
Leur comportement est assez conventionnel. Les excès sont rares et réservés au cercle intime.
Les Mélodien·nes. La communion avec le Démon se fait avant tout à travers la musique. La musique forte de préférence. Ce sont des jouisseurs et des jouisseuses, peu intéressé·es par les querelles théologiques des autres sectes.
Leurs guerriers et guerrières néo-vikings sont redoutables au corps à corps. Le volume de leurs décibels aussi.
Le Sabbat. Une communauté essentiellement féminine où le culte se pratique via une relation directe, sauvage et charnelle, avec le Démon. Si certains groupes se contentent de l'expérience des sens, d'autres, plus radicaux, détruisent les âmes et les chairs.
Le Cercle. Des magiciens et des magiciennes, surtout des magiciens. Pour les membres du Cercle, la magie noire est un cadeau que Satan a fait aux hommes et aux femmes. Il·elles sont peu nombreux·ses et ne quittent guère leurs laboratoires.
Les Absolu·es. Ce sont à eux·elles que le grand public terrien pense en premier lieu lorsque les infos parlent d'Alastor 55. Les Absolu·es ont rejeté les lois humaines. Leur engagement dans le Mal se veut total et ce sont les premier·ères à pratiquer "l'esclavage, le meurtre, le cannibalisme, la nécrophilie, le viol, la torture physique et psychologique et les sacrifices humains" mentionnés plus haut.
Est-il utile de préciser que, dans ces conditions, la plus grande partie de leurs communautés ont beaucoup de mal à être viables socialement et économiquement? Et que les psychotiques et les autistes, du côté des victimes, et les pervers et les psychopathes, du côté des bourreaux, sont sur-sur-représentés dans leurs clans?
Les Alastoréen·nes. Ces croyant·es ont rejeté les origines terriennes du culte. Il·elles déclarent avoir découvert un Mal plus ancien, plus authentique, sur Alastor même. Un Mal extra-terrestre, profondément inhumain, indicible. Un Mal auquel il·elles rendent un culte absolu et total.
Du fait de l'absence d'un vrai tissu industriel, ceci malgré les ressources énergétiques énormes, et du long isolement de la lune, le niveau technologique des Alastorien·nes a largement régressé. Certaines communautés vivent comme à l'époque du Moyen Âge de l'ancienne Terre. Les mieux dotées ont un niveau pré-stellaire.
Et les Non-Alastorien·nes?
En plus des agents des Nations Unies et des corporations, l'astroport d'Alastor accueille chaque jour des centaines de nouveaux colons venu·s travailler dans les mines de charbon et les exploitations pétrolières. La plupart sont originaires de la Terre et de Mars, où les chômeurs et chômeuses se comptent par milliards.
Certain·s colons décident de tenter leur chance en dehors des enclaves de l'ONU et des corpos. Il·elles s'en vont fonder une exploitation agricole ou énergétique au-delà des enceintes électrifiées des cités coloniales, pour le meilleur et pour le pire. Souvent pour le pire.
La plupart ne croient pas aux rumeurs disant que, sur Alastor 55, la magie "marche" et qu'il y aurait des "démons". D'ailleurs les autorités nient.
Quelle est la situation?
L'ONU et les corpos ne contrôlent que les territoires limitrophes des exploitations et des infrastructures. Ce qui n'empêche pas leurs agent·es d'intervenir et d'investiguer n'importe où à la surface de la planète lorsque c'est nécessaire. En théorie.
Pour les Nations Unies, Alastor 55 est un "protectorat", un état autonome ayant demandé la protection de l'Organisation. Et le protectorat couvre l'ensemble du satellite.
Un tiers des indigènes vit sous l'administration directe et indirecte de l'ONU et des corpos.
Le satanisme est toléré tant que ça ne déborde pas sur des actes délictueux ou criminels mettant à mal l'ordre public. Pour nombre de ces indigènes "administré·es", l'occupation constitue un mal nécessaire, face à la menace grandissante des entités hostiles et des Absolu·es et Alastoréen·nes fanatisé·es.
On trouve de nombreux·ses Porteur·ses de Lumière et Mélodien·nes dans les enclaves des Nations Unies, quelques membres du Sabbat et du Cercle et aucun·e Absolu·e ou Alastorén·ne. Pas sous leur véritable identité du moins, puisque ces deux dernières sectes rejettent violemment la présence "étrangère impie".
Quelques lieux notables:
Port Carbone. C'est l'astroport d'Alastor 55, là où arrivent les colons et là où partent les supertankers chargés à bloc d'énergie fossile. Une mégalopole bruyante et polluée, avec une atmosphère très "frontière".
L'administration de l'ONU et les corpos y ont leurs bureaux.
Salem. La "capitale". Ville fondée par les premier·ères colons de l'Église Luciférienne Unifiée en 2175. Une petite cité pré-industrielle à l'apparence tranquille, où les choses se disent et se font derrière les murs les plus épais. La cathédrale luciférienne constitue le cœur névralgique de la ville. Ses flèches noires se distinguent à des centaines de kilomètres à la ronde.
Motorhead. Une petite ville mélodienne où la bière (locale) et la musique coulent à flots. L'un des rares endroits où indigènes et colons se mélangent. Quantité de mineurs·ses viennent y claquer tout ou partie de leur paie. Les bordels sont réputés, la nourriture et la boisson excellentes et les bagarres fréquentes.
Stygia. Une cité fondée par des Absolu·es et des Alastorén·nes fanatiques. Les casques bleus ont rasé la ville une première fois en 2198 puis une seconde fois en 2210. C'est un vaste champ de ruines dont la plus grande partie du bâti souterrain est demeuré intact.
Une petite garnison terrienne est présente, pour éviter que les ancien·nes habitant·es ne reviennent s'installer. En vain puisque, à la nuit tombée, les ombres se font de plus en plus nombreuses au fur et à mesure qu'une étrange mélopée monte des sous-sols.
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Je vous mettrai les secrets d'Alastor 55 – les dangers et les menaces – dans un article à part, afin de ne pas divulgâcher des joueurs et joueuses potentiel·les.
Voilà. Ce n'est qu'un premier jet mais dites-moi ce que vous en pensez.
Quelques inspirations :