dimanche 5 avril 2020

American Way of (Dungeon's) Life II

"Alors que tu aurais pu mourir dans ton lit, peinard... Non, il a fallu que Môssieur fasse des folies et parte à l'aventure!" Illustration de Larry Elmore.
Je continue de gamberger sur M le jeu de rôle, mon hypothétique primo-JdR francophone. Ce faisant, je regarde toujours un peu du côté du VRAI tout premier JdR: D&D. Et j'ai trouvé une différence fondamentale entre mon projet ludique et l'Ancêtre: les relations.

De même que j'attribuais à D&D un sous-texte colonisateur voire génocidaire, je pense que d'autres éléments de l'Histoire pionnière des USA transparaissent dans Donj'. Les PJ de D&D sont isolés. Isolés géographiquement, socialement et personnellement.
Isolés géographiquement: ils explorent des Donjons et des terres sauvages, loin des domaines civilisés. Isolés socialement: ce sont des "hors-castes", ils n'appartiennent à aucune strate sociale, aucune corporation, aucune communauté... Isolés personnellement: on ne leur connaît pas vraiment de familles, d'amis (hormis, éventuellement, les autres PJ), d'amours, de plans cul, de partenaires...
Bref, les PJ de D&D me font penser à des pionniers. Ils vivent et travaillent sur les marges du monde connu. Et ils cherchent à profiter de la conquête de ces marges, des Donjons le plus souvent, pour s'élever socialement et économiquement. 
Vous voyez où je veux en venir? Il y a quelque chose de Charles Ingalls dans chaque PJ de Donj'. Le Temple du Mal Élémentaire c'est, en réalité, une relecture un peu plus bourrine de La Petite Maison dans la prairie! Ce qui me conforte dans l'idée que D&D est très américain dans l'âme.

Et ce n'est pas ce que je veux pour M le jeu de rôle. Du tout. Certes, les PJ auront des mystères à résoudre, des monstres à combattre et des merveilles à découvrir mais ça ne se fera pas au milieu de nulle part. Ils auront aussi des amis, des amours, des emmerdes.
Je veux que, à côté de la Grande Aventure (celle qui nous fait jouer au JdR), il y ait aussi toutes les petites aventures qui, selon moi, rendent nos parties plus intéressantes: les parents, les enfants, les conjoints et conjointes, les amants et maîtresses, les camarades, les collègues, les débiteur•trices, les créditeur•trices...
Les aventures de Spiderman ne seraient pas si intéressantes si il ne croisait que Octopus et le Bouffon vert. Ses aventures sont intéressantes car il y a aussi – surtout? – Mary Jane, tante May, J.J. Jameson...

Dans notre hobby, le combat occupe une place centrale. C'est souvent la plus grosse partie des règles. Cette place centrale a, toujours selon moi, pour origine, le caractère pionnier et conquérant de D&D.
J'aime l'action et les bastons en JdR, jusqu'à un certain point, mais on ne m'enlèvera pas de l'idée que, pour un jeu de rôle inspiré "de sources francophones", il faut aussi mettre en avant le roleplay. Et des amant·es dans le placard. Et des monstres sous le lit parce que, quand-même!, c'est du Jeu de Rôle.

"Avec la rose, j'ai peut-être un bonus sur mon jet de séduction, non?" Illustration de Max Hierro.

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