dimanche 8 mars 2020

Fallin Sky: un univers "doppelgänger"

Couverture du jeu de rôle "Nightbane". 
On trouve des doppelgängers dans plein d'univers fictionnels (non?) et quelques univers rôlistiques. Présentement, je pense à Warhammer Fantasy et à Nightbane, un jeu de rôle fantastique contemporain de Palladium Books, mais il doit y en avoir d'autres.
Dans Nightbane, les doppelgängers vivent dans une dimension parallèle – et méchamment hostile: les Nightlands – d'où ils cherchent à passer dans notre monde. Pour ce faire, "il suffit" que leur double réel pénètre dans les Nightlands. Auquel cas le doppelgänger peut, lui aussi, changer de dimension et rejoindre la nôtre. Bien évidemment, le doppelgänger est un double "maléfique" et, une fois dans la place, il fait rien que des (très grosses) bêtises et des vilenies. Si son double "réel" survit aux Nightlands et arrive à regagner notre monde, il sera fort surpris de l'accueil pourri qui lui est réservé. Une paire de menottes et une incarcération immédiate, au mieux. Car, entre temps, le doppelgänger lui aura taillé une belle réputation (de meurtrier/bourreau/génocidaire/psychopathe...) de merde.
Voilà en guise de préambule.

Considérez maintenant que mon univers maison – Falling Sky – est une sorte de "doppelgänger" de celui de Rifts. Un double. "Maléfique", je ne sais pas.

Explication.
Rifts et ses suppléments sont assez radins en background. Celui-ci va souvent prendre la forme de nouvelles règles: nouvelles classes, nouvelles races, nouveaux monstres, nouvelles magies, nouveau matos pour poutrer et ne pas se faire poutrer... Autant d'éléments qui nous présentent l'univers "par défaut". Les éléments de background "pur" sont plutôt rares. Et, lorsqu'il y en a, parfois on aurait préféré que les auteurs s'abstiennent...
Il y a tellement de blancs dans le background de ce jeu que, en conséquence, un·e MJ a énormément de latitude pour dessiner "son" Méga-univers de Rifts à lui•elle. Et, perso, je ne m'en suis pas privé. Dans mes parties de Rifts, bien sûr, mais surtout sur mon blog d'Avant. Avec un background "officiel" aussi parcellaire, j'ai pu m'en donner à cœur joie et j'ai imaginé pleins de développements et déviations débiles à ce que je lisais dans les ouvrages de la gamme.

Exemple.
Dans Rifts World Book 3: England, on apprend qu'il y a, de nouveau, un "Roi Arthur" en Angleterre. Avec ses dames et chevaliers, sa Nouvelle-Camelot, son Merlin, tout ça tout ça. Mais d'où vient cet Arthur? Et ses dames et chevaliers? Comment s'est fondé ce nouveau royaume arthurien? On n'en sait strictement rien.
Du coup je me suis fait plaisir et j'ai imaginé que cet Arthur, ses compagnes et compagnons étaient les "vrais" personnages du mythe arthurien. Qu'ils s'étaient réveillés – un peu amnésiques quand-même... – d'un sommeil magique de 1800 ans et qu'ils avaient entrepris de refonder leur ancien royaume. Au cas où ça ne suffirait pas, j'ai aussi imaginé que Arthur et sa suite étaient les membres d'un clan de Vrais Atlantes.

Autre exemple.
Le Québec de Rifts est présenté dans le supplément Rifts World Book 22: Free Quebec. Enfin "présenté"... Ce supplément est d'une tristesse. Je serais Québécois, je verserais des larmes de sang. Dans cet ouvrage, on trouve du matos pour viander, des classes pour viander, des fausses idées de scénario pour viander, quelques PNJ à viander... Il y a même du background. Un peu. Beaucoup si on compte les pages mais, en réalité, c'est tellement vide... Toutes les spécificités du Québec sont passées à la trappe, ou peu s'en faut. L'Histoire, la langue, la religion, la société... Les auteurs de l'ouvrage n'ont quasiment rien gardé. À la lecture de l'ouvrage, je vous mets au défi de comprendre dans quelle langue échangent les citoyen·nes du Québec de Rifts. En français? Anglais? Aucune idée. Certaines classes et PNJ maîtrisent mieux le français, d'autres l'anglais, plus ou moins bien, allez savoir. On trouve même des classes et des PNJ québécoises monolingues en anglais... La classe intergalactique.
Bref, le background "québécois" de Rifts World Book 22: Free Quebec est tellement misérable et inexistant que j'ai pu me lâcher grave. Méchamment inspiré par la VF de Colonial Gothic, j'ai fait du Québec de Rifts un avatar américain et post-post-apo de la France – et de la Nouvelle-France! – d'Ancien Régime. Et, croyez-moi, je me suis fait plaisir.

Dernier exemple.
Le Mexique de Rifts, notamment sa partie centrale, est dominé par les Vampires (Rifts World Book One: Vampire Kingdoms). Dans un autre ouvrage, Rifts Conversion Book 2: Pantheons of the Megaverse, on apprend que les divinités aztèques sont de retour et qu'elles ne sont pas cool.
Des Vampires mexicains avides de sang? Des divinités aztèques avides de sang? Mais attendez voir... On va faire ne sorte que ces deux camps s'acoquinent, clairement. Et hop: pyramides précolombiennes, sacrifices humains, cœurs arrachés, le sang pour les Vampires et les âmes pour les divinités aztèques. Et c'est ce que j'ai fait pour le Royaume Vampire de Mexico, un revival horrifique de l'ancien empire aztèque.

Bref, j'ai largement tartiné le background de Rifts à ma sauce. Et je pouvais le faire tranquilou bilou, du fait des blancs énormes laissés sur sa carte imaginaire par Kevin Siembieda.
Aujourd'hui – maintenant que je commence à re-bricoler un univers "fait maison" – je veux récupérer la sauce. Toute la sauce. Tous les éléments de background perso que j'ai pu refourguer dans mon Rifts à moi, je compte bien les récupérer pour la Terre du Verseau de Falling Sky. Et pour le reste de mon Multivers imaginaire.
Le clan atlante des Pendragons? Je garde. Le Québec d'Ancien Régime S-F? Je garde. Les pyramides mexicaines ensanglantées? Je garde. Et le reste aussi.

Vous comprenez pourquoi je parle d'univers "doppelgänger" pour Falling Sky? De double maléfique? Cet univers maison n'est pas une copie de Rifts. Mais c'est une copie de tout ce que j'ai mis dans Rifts. Il y avait plein de blancs. Je les ai remplis. Maintenant je garde les couleurs.

Quelque part sur la Terre du Verseau... Illustration de Jeff Stokely.

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