mercredi 10 juin 2020

Un truc que j'aime bien dans Rifts: le Multivers

Couverture de Differents Worlds #10 (octobre-novembre 1980). Par Rick Becker.
Il y a plein de façons d'expliquer un mélange des genres dans un JdR. Par exemple, Shadowrun invoque le retour de la magie dans un univers futuriste quand Torg se sert d'envahisseurs extra-dimensionnels. Ou encore Rifts qui prétexte le retour de la magie ET les envahisseurs extra-dimensionnels.

Le postulat de Rifts (en version courte): en 2098, des astres alignés associés à un mini-conflit nucléaire situé sur des nexus magiques – vous suivez? – provoquent le retour cataclysmique de la magie sur Terre, mettant un terme à l'Âge d'Or de l'humanité. Des failles spatio-temporelles – les fameux "Rifts" du titre – s'ouvrent un peu partout sur la planète, transformant celle-ci en carrefour multi-dimensionnel majeur. Près de trois siècles plus tard, l'humanité a survécu mais c'est un peu le bazar sur Terre. Le méga-bazar.

Les Rifts permettent à Kevin Siembieda, l'auteur du jeu, de balancer dans un univers futuriste les créatures de ses autres jeux: les machines psychopathes de The Mechanoids, les créatures fantastiques de Palladium Fantasy, les créatures horrifiques de Beyond the Supernatural, les extra-terrestres de Heroes Unlimited... Heureusement, les humain·es de la Terre ne sont pas sans défense et, pour retourner les baffes, il·elles peuvent compter sur des mechas (de Robotech et Macross II), des extensions bioniques (de HU et Ninjas & Superspies), des Arts martiaux (de Ninjas & Superspies), des super-pouvoirs (de HU), des allié·es mutant·es animaux·ales (After the Bomb)...
Kevin Siembieda place la Terre des Rifts au centre d'un nouveau Multivers – le "Megaverse", contraction de"Mega Universe" – composé, entre autres, des différents univers des jeux de rôle Palladium Books déjà publiés. Mais il s'agit surtout, pour son auteur, de récupérer les différents éléments ludico-imaginaires de ces jeux plutôt que de faire de chaque univers de jeu une Dimension parallèle à la Terre des Rifts.
Par exemple, dans Rifts, on croise régulièrement des PNJ, des monstres, ou des peuples entiers, originaires du Monde de Palladium (l'univers de Palladium Fantasy) mais de Porte (ou Faille) spatio-temporelle menant de la Terre des Rifts au Monde de Palladium: point.

Rifts développe son Multivers avec différents Dimension Books: Rifts Dimension Book One: Wormwood, RDB2: Phase World (qui a bénéficié d'une belle sous-gamme), RDB4: Skraypers, RDB10: Hades – Pits of Hell et RDB11: Dyval – Hell Unleashed (en espérant n'oublier aucun autre univers...). Plus spécifique, vous avez le supplément Rifts Dark Conversions qui, entre autres choses, introduit les Nightlands, du jeu Nightbane, pour Rifts.
Hormis le cas particulier des Nightlands, ces univers ne constituent pas des ouvertures de la Terre des Rifts sur des genres spécifiques parce que chacun de ces univers mélange déjà, lui-aussi, différents genres. Wormwood mêle fantasy et Horreur. Les Trois Galaxies de Phase World mêlent Space Opera, fantasy, Horreur... Un peu de tout en fait. Skraypers mêle super-héro·ïnes et S-F spatiale. Quant à Hades et Dyval, comme Wormwood, ils mélangent fantasy et Horreur.
Au cas où ça ne serait pas déjà suffisamment chamarré sur la Terre des Rifts, on mélange aussi dans les Dimensions d'à côté...

En fait, rien n'obligeait Kevin Siembieda à pondre un Multivers pour expliquer le mélange des genres de la Terre des Rifts. Rien. Il aurait tout à fait pu concevoir une Terre des Rifts méga-bordélique sans recourir à cet artifice. Regardez Shadowrun: on met de la fantasy, du cyberpunk, du polar et un peu d'Horreur sans faire intervenir d'autres Dimensions et ça marche! (bon, OK, il y a peut-être une Dimension voisine où magos et chamans vont faire leurs trucs de magos et chamans mais je ne suis pas spécialiste et c'est accessoire) Ou encore Gamma World: c'est du grand n'importe quoi, sans qu'il y ait besoin d'autres Dimensions pour venir mettre le boxon dans le background. (bon, OK, là aussi il y a l'option "Dimensions parallèles" mais c'est cosmétique et pas vraiment utile)

Bref, KS n'était pas obligé mais il l'a fait quand-même. Et il a eu raison!

Les Multivers c'est cool. On peut rajouter du gras à son plat imaginaire sans gagner un pet de cholestérol. J'aime ça.
Si j'ai le temps et l'envie, j'essaye de développer ça une prochaine fois. Je voulais le faire ici mais la fatigue m'attaque...


Couverture de Differents Worlds #11 (février-mars 1981). Par Jennell Jaquays.

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