samedi 13 juin 2020

Salade temporelle I

"On ne voit pas bien son bras laser..."
Peinture de Thierry Girod.
Quitte à brasser large dans une tambouille imaginaire, il y a aussi la possibilité d'aller chopper des morceaux d'histoire pour épaissir la sauce. Par "morceaux d'Histoire", j'entends des petits bouts d'imaginaire issus des siècles et millénaires passés. 
Les autres Dimensions et galaxies, la magie, les pouvoirs psioniques, la technologie futuriste, les monstres et les races non-humaines, tout ça c'est très sympathique mais ça ne vous dirait pas que l'on y ajoute Excalibur? Des samouraïs et des ninjas du XVIe siècle? Des vikings du Xe? Un T-rex? Des anciens Atlantes? Des divinités grecques? Des momies incas? Des artefacts rétro-futuristes d'un XIXe siècle alternatif? Un clone, forcément malveillant, d'Adolf Hitler? Un virus meurtrier du Paléozoïque? Des hommes et femmes de Néandertal et des smilodons¹?

Dans Rifts, Kevin Siembieda répète régulièrement que les dits Rifts sont des déchirures à travers l'espace et le temps. Mais, quand on regarde attentivement, on se rend compte qu'il s'agit surtout de déchirures à travers l'espace. KS a bien fait migrer quelques populations humaines du XXIe siècle au XXIVe siècle et transplanté des dinosaures dans le sud-est des anciens USA mais, pour le reste, il n'a pas vraiment cherché à utiliser les ressources – immeeeeennnnnses – de notre passé pour relever la sauce. Ceci dit, la sauce était déjà suffisamment relevée...
Même lorsque KS transplante les héros et héro·ïnes du mythe arthurien dans l'Angleterre de la fin du XXIVe siècle (dans Rifts World Book 3: England), il se contente d'aller piocher deux trois péquins dans la campagne environnante pour tenir les premiers rôles, alors qu'il aurait pu aller chercher les "originaux·ales" dans un VIe siècle mythique sans le moindre scrupule! Il n'y a pas pensé? Il n'a pas osé? Il s'est dit que c'était trop? Comme si Rifts avait jamais eu le moindre souci de ne pas en faire"TROP"...

Je ne connais pas les raisons qui ont fait que Kevin Siembieda n'a guère abusé des voyages dans le Temps pour Rifts. Je n'ai pas vraiment l'impression qu'il manque d'intérêt pour l'Histoire et le passé de notre planète. Le bonhomme est passionné par l'Égypte antique – le tout premier JdR de KS se nomme Valley of the Pharaohs – et, par le passé, Palladium Books a aussi fait son beurre avec ses suppléments génériques consacrés aux armes anciennes.
Considérons qu'il n'y aura pas pensé (à importer des morceaux d'Histoire, plus ou moins altérés, dans Rifts).

Moi, j'adore l'Histoire. Depuis longtemps. C'est un peu mon cursus universitaire initial, avant que je ne dévie vers le social. 
Et j'aime mettre de l'Histoire dans mes jeux de rôle. De l'Histoire caricaturale, imagée et calorique. 

Quand je masterisais du Hollow Earth Expedition – j'en parle ici –, je me plaisais à transporter en Terre Creuse toutes sortes de communautés humaines rescapées d'un passé plus ou moins lointain, "à la Philip José Farmer"².
Et quand je me suis intéressé à l'Angleterre de la Terre des Rifts, je suis allé récupérer dans le passé les "vrais" personnages du mythe. Mais je ne me suis pas arrêté là. Adepte du SURMÉLANGE imaginaire à la Rifts, j'ai fait d'Arthur, Guenièvre et les autres les dignes membres d'un clan atlante installé en Grande-Bretagne depuis la chute d'Atlantis.

Et c'est d'ailleurs ce à quoi je vous invite si, comme moi, vous faites jouer du JdR multi-genres survitaminé: vous servir des ressources historiques ET rajouter des couches imaginaires par dessus.

Démonstration.
Bien décidé à faire n'importe quoi, vous souhaitez inclure dans votre JdR – comme PJ ou PNJ, peu importe, même si des PJ c'est toujours plus drôle – une druide de (Grande-) Bretagne du IIe siècle avant J.-C., une onna-bugeisha nippone du XVIe, un mage sumérien du IIIe millénaire avant J.-C., un desperado texan du XIXe, une guerrière zoulou, elle aussi du XIXe, et, enfin, un flibustier français du XVIIIe.
Ça a l'air sympa comme petite troupe, non?

Je ne sais pas si on peut faire mieux mais on peut certainement faire plus (et pomper allègrement toutes nos sources imaginaires préférées). .
La druide est faite de pierre, taillée à forme humaine dans un mégalithe sacré (je pense aux Obsidiens d'Earthdawn).
L'onna-bugeisha a un Kami allié incarné dans sa naginata.
Le mage sumérien a son laboratoire-garçonnière dans les anneaux de Saturne (idée piquée à Cosmic Cutthroats mais j'ai aussi en tête Mage : The Ascension et ses Fondations extra-planétaires).
Le desperado texan a un bras laser surpuissant (big up Cobra).
La guerrière zoulou est une lionne-garou (coucou aux Simbas de Werewolf : The Apocalypse).
Le flibustier est lié à un loa et bardé de fétiches vaudous (Capitaine Vaudou, c'est à toi que je pense).
Voilà, ça c'est le genre de surmélange spatio-temporel qui tabasse que j'ai envie de mettre dans Falling Sky, mon hack de Rifts à moi. Du bazarpunk à bibi!

Quoi encore? Que c'est VRAIMENT n'importe quoi? Ouais et c'est ça qu'est bon. (et si il vous manque des règles pour ce genre de boxon, prenez FATE)

La suite demain...

¹ Oui, je sais, il·elles ne vivaient pas au même endroit ni à la même époque...

"Ça c'était juste avant qu'elle se transforme en lionne." "Au sens figuré?"
Par Obende Stanley (original ici).

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