lundi 8 juin 2020

Comment masteriser la folie des PJ

Illustration de Lee Gibbons.
Ça y est, le score de SAN a chuté en-dessous d'un palier critique. Le PJ est fou, ou pas loin. Soit. Psychotique, grand névrosé, pervers ou un simple "petit" trouble passager: comment gérer ça autour d'une table de jeu?
Ben, en fait, c'est plutôt simple.

Lorsqu'il s'adresse au·à la joueur·se dont le PJ est "dérangé", le MJ doit le faire au travers du prisme de la folie du PJ.
Comme ce n'est pas très clair, je vous refile quelques exemples (à la louche, c'est pas le DSM V ici).

Exemple 1: le petit TOC léger.
Ne pas dire: "Ton perso a l'impression d'avoir laissé la porte de chez lui ouverte."
Dire: "Tu as laissé la porte de chez toi ouverte."

Exemple 2: la paranoïa.
Ne pas dire: "Ton perso a l'impression d'être suivi."
Dire: "Tu es suivi."

Exemple 3: la paranoïa. (bis)
Ne pas dire: "Ton perso a l'impression que le punk qui vient de lui demander du feu a l'air menaçant."
Dire: "Le punk s'approche de toi, très très près, et te dis: "je vais te tuer"."

Exemple 4: la schizophrénie.
Ne pas dire: "Une voix à l'intérieur de ta tête te murmure: "Tue-les tous!""
Dire: "Tue-les tous!"

Exemple 5: la psychose.
Ne pas dire: "Il y a un trou dans la porte."
Dire: "Il y a un trou dans la porte. Le trou est noir mais il te semble distinguer des yeux rouges et des reflets sur des dents pointues, très pointues. Tu entends aussi comme une voix d'outre-tombe et des gargouillements."

Vous voyez l'idée? Le MJ va MENTIR au·à la joueur·se. 
En tant que MJ, j'adore cette façon de procéder. Je la trouve plutôt facile, maniable, et, surtout, agréable à mettre en scène.
Pour les joueur·ses, le ressenti sera peut-être autre...

Pour la petite histoire, sachez que, dans la vraie vie, je travaille comme éducateur spécialisé avec des jeunes gens psychotiques et autistes. En conséquence, les exemples que je vous ai donnés ne sont pas seulement issus de mon imagination déviante, il y a aussi un peu de mon expérience professionnelle quotidienne dedans. Cependant, tout ça reste du jeu de rôle. Il ne s'agit en aucun cas de présenter la folie sous un angle réaliste. Il s'agit de présenter la folie sous un angle jouable.

Cette façon de "masteriser la folie des PJ" n'est pas de moi, ça vient – si je ne dis pas de bêtises – du jeu de rôle Within. Bonne idée!
J'en avais déjà parlé dans un vieux post, sur mon blog d'Avant, consacré aux Crazies, une classe de perso de Rifts ou, en échange de super-pouvoirs, le PJ tope non pas de grandes responsabilités mais divers dérangements psychologiques. Des dingues, oui, mais des super-dingues.

Extrait de Cages. Par Dave McKean.

1 commentaire:

  1. Je n'avais pas songé à jouer les troubles mentaux de mes aventuriers de cette manière. C'est très intéressant. Je vais essayer dès que possible.

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