dimanche 21 juin 2020

Race: demi-ogre & demi-ogresse


Prédateur sexuel et sa victime. Extrait de La Belle au bois dormant de Walt Disney.
Il y aurait pas mal de choses à dire concernant le film La Belle au bois dormant de Walt Disney, ainsi que sur le conte à l'origine du film. Plein.Vous seriez surpris·es.

Tout d'abord le prince charmant est un horrible prédateur sexuel. Clairement. Non mais franchement: le gars arrive de nulle part, voit une nana qu'il ne connaît ni d'Eve ni d'Adam et, hop, il l'embrasse sur la bouche, direct.
STOP!
La nana dort. Elle n'est pas en état de consentir quoi que ce soit. Est-ce que je roule des grosses paloches aux femmes inconnues qui dorment moi? Naaan. Ce prince Philippe – il s'appelle Philippe – est un grand malade.

En plus d'être un horrible prédateur sexuel, ce prince Philippe a des origines plus que douteuses: c'est un demi-ogre. Oui, un demi-ogre. Du côté de sa mère.
Vous ne le saviez pas?
Car il y a une suite méconnue au conte de La Belle au bois dormant. La Belle s'en va s'installer dans le château du prince Philippe. Il·elles ont deux enfants: la petite Aurore et le petit Jour. Puis le prince Philippe doit s'en aller guerroyer contre son voisin. C'est le moment que choisit la mère du prince pour tenter de manger ses petits-enfants et sa bru. Car belle-maman est une ogresse!
Heureusement tout ça se termine bien: le maître d'hôtel remplace la Belle et les gamins par du gibier pour donner le change, Philippe revient et c'est belle-maman ogresse qui finit dévorée par des serpents et des crapauds (?) dans une fosse (ou une marmite, je ne sais plus). 

De cette histoire, retenez ceci: il y a des demi-ogres (et des demi-ogresses?) dans les contes de Charles Perrault. Et si il y en a dans les contes de Perrault, ça veut dire qu'il y en a probablement dans l'univers de M le jeu de rôle.
Donc, très officiellement, je propose que l'on puisse interpréter un demi-ogre ou une demi-ogresse pour M

Dans mon idée, les ogres et ogresse de M le jeu de rôle sont ceux et celles des contes: des aristocrates un peu plus forts que les humain•es, un peu plus grands, un peu plus voraces,avec des sens affûtés et quelque appétence pour les artefacts arcaniques. 
Je les imagine aux frontières du monde connu, dans les fiefs les plus vastes et sauvages.

Et puis parfois c'est l'Amour. Ou juste une coucherie. Un ogre s'éprend d'une humaine, ou une ogresse d'un humain et, hop, presque neuf mois plus tard ça nous fait un PJ potentiel tout neuf.
Avec son ascendance ogresque, notre PJ dispose de quelques avantages pas piqués des hannetons: il est membre de l'aristocratie, riche, a quelques sur-capacités physiques et physiologiques, détient peut-être quelque artefact...
Hum, c'est un peu trop facile.
Pour rééquilibrer tout ça, dotons ce PJ d'une famille encombrante ("Mère, où s'en est allée Ursuline notre bonne?"), d'une sale réputation ("Son père mangeait les enfants, vous ne le saviez pas?") et d'appétits inavouables ("Tiens, cette belle m'a tout l'air de dormir. Mmm... Je me la croquerais bien volontiers!").

Bref, il y a une ambiance de merde autour du·de la demi-ogre·sse.

Mais il ne faudrait pas que cela mette en retrait les autres PJ. Et, à l'inverse, si ces autres PJ ont un background – et, peut-être, les règles qui vont avec – aussi chargé, il n'y aura plus beaucoup de place dans le scénario ou la campagne pour d'autres éléments que ceux en lien direct avec les PJ.

Avoir un·e demi-ogre·sse guidé·e par de bien sinistres appétits comme PJ, ça me fait penser au (très bon) jeu de rôle Rushmore, où tous les PJ sont pourvus de "tics" et de vices qui vont méchamment encadrer leurs actes. Mais, dans Rushmore, ça fonctionne bien car TOUS les PJ sont dotés de tics et de vices. Et, de fait, ce sont ces tics et ces vices qui font avancer les personnages et l'histoire. Pas forcément en bien mais ça avance quand même. 
Peut-être alors qu'on peut envisager un PJ demi-ogre, à condition qu'il soit accompagné par d'autres PJ eux aussi bien peu fréquentables. Du genre: une artiste folle hantée par un Horla, un trafiquant de cadavres, un clochard à l'alcool mauvais...

Après, on peut aussi imaginer, dans une toute autre perspective, que les compagnon·es de notre PJ demi-ogre soient plutôt Lawful Good. Et pourquoi pas? Ça ne serait pas la première fois, ni la dernière, que l'on aurait la lumière et les ténèbres dans le même camp.
Ça me fait penser à la (plutôt vieille maintenant) BD Jhen. Le héros, Jhen donc, en est un vrai, de héros. Il est bon, généreux, altruiste, tolérant, courageux... Ce qui n'est pas forcément le cas de l'un de ses meilleurs amis, et plus fidèles compagnons, j'ai nommé l'immensément sinistre Gilles de Rais. Ce faisant, on revient au point de départ car il me semble bien qu'il y a du Gilles de Rais dans chacun des ogres de nos contes et légendes de France et de Navarre...

Voilà une version modernisée du conte de Charles Perrault de 1697.

Belle-maman ogresse. Illustration de Tia Masic (original ici).

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