Dernièrement, j'écoutais un actual play sur 2D6+Cool — Le Grümph maîtrisant une partie de son futur JdR japonisant Daitoshi Underground Jäger — et je fus, une fois encore, témoin de la malédiction du "Effectivement". Vous ne connaissez pas la malédiction du "Effectivement" ? Ce mot, assez moche (effective ment ?), a une fâcheuse tendance à squatter le discours des gens en français depuis plusieurs années. C'est à dire que tout plein de personnes en train de parler ne peuvent s'empêcher d'en truffer leurs phrases, en réunion, à la télé, à la radio, dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale... Et autour des tables de jeu de rôle. Moi-même j'ai été atteint par la malédiction et il m'est arrivé, sur certaines parties, de m'entendre ponctuer chaque phrase par un "Effectivement" du plus mauvais genre. De l'autre côté de l'écran, j'ai entendu des potes MJ contaminés eux-aussi. Pauvres de nous.
Comment faire ? Comment y échapper ?
Tout d'abord, il ne faut pas s'inquiéter outre mesure. Cet "Effectivement", aussi laid soit-il, sert avant tout à ordonner son discours pour la personne qui parle. Pendant qu'elle annone ces cinq syllabes, celle-ci a le temps d'ordonner ses pensées et le fil de ce qu'elle raconte à son auditoire. Rien de bien méchant donc. Sauf que "Effectivement" c'est effectivement moche.
Les aèdes grecs avaient une solution pour échapper à la malédiction du "Effectivement". Ils avaient leur réserve personnelle, toute prête, de bouts de phrase aptes à remplir la fonction que "Effectivement" remplit chez nous : structurer la langue et, surtout, donner un répit au narrateur. Briséis était "aux belles joues", Héra "aux bras blancs", Athéna "aux yeux clairs"... Et ces formules toute prêtes permettaient au poète de retrouver le fil de son récit sans avoir à recourir à un adverbe pas beau.
Et si, nous-même, MJ de France, de Navarre et de Francophonie, on faisait comme Homère ? C'est-à-dire que, au lieu de nous auto-punir avec cet affreux "Effectivement", on utilisait des formules plus adaptées pour donner une micro-pause à notre récit, lorsque l'on masterise ? Par exemple, pendant ses parties de Magna Veritas, Ludivine aura à cœur — si le besoin s'en fait sentir — d'accoler systématiquement "cœur vibrant de la France chrétienne !" à Notre-Dame (de Paris), ou "serviteur de Joseph, archange de l'Inquisition" à Pierre-Henri, ange de son état. Autre exemple : Maxime, MJ à Cyberpunk, qualifiera systématiquement "Night City" de "mégalopole tentaculaire et inhumaine", et ses rues de "violemment éclairées par les innombrables holo-pubs corpos".
Voilà. Faites comme Homère et ayez en tête quelques bouts de phrase, adaptés à votre jeu, vous permettant de souffler quelques secondes en cours de partie.
PS : Parfois, ce ne sont pas les "Effectivement" qui envahissent vos phrases mais les "En fait"... Méfiez-vous !
"Succès critique ? OK. Alors vous voyez Pamela à la gorge généreuse balancer une grosse bastos, à bout portant, dans la tête de Diego à l'haleine fétide." |
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