Illustration de James Daly (original ici). |
Si ça ce n'est pas du post hyper-spécialisé de micro-niche...
Ces derniers jours, j'ai commis un micro-jeu de rôle fantastique contemporain, Station Mérovée, où les PJ descendent explorer le sous-sol francilien colonisé par les fées d'Arcadie.
D'où ma question: comment interpréter des PNJ fées?
Je pose la question car les fées, comme les créatures du Mythe, sont souvent présentées comme "autres". Elles seraient irrationnelles, imprévisibles, amorales, chaotiques, sauvages, mystérieuses... Soit. Mais comment rendre ça autour d'une table de JdR?
Quelques pistes:
Les prendre au sérieux. Vous pouvez prendre une voix de crécelle pour jouer une fée de petite taille. Mais vous n'êtes pas obligé·e (et ça va vous saouler de parler comme ça plusieurs minutes). Vous pouvez faire faire des roulades et des galipettes à vos PNJ fées. Mais vous n'êtes pas obligé·e. Vos fées ne sont pas des clowns conviés à amuser la galerie. Vous les avez mises dans votre scénario pour autre chose, non? Alors jouez cet "autre chose" plutôt que leur faire faire le cirque.
Ne pas cabotiner. Ne vous dispersez pas, n'en faites pas des tonnes. Vous n'êtes pas obligé·e de surjouer vos PNJ fées: elles ont le droit d'être silencieuses et immobiles. D'ailleurs leur silence et leur immobilité créeront beaucoup lus d'ambiance que les roulades et galipettes mentionnées dans le paragraphe d'avant.
Ne pas expliquer les choses. Les fées font et disent des choses étranges. Peu importe que leurs propos et leurs actes aient un sens in fine, l'important c'est l'ignorance des PJ. Ces derniers ne doivent pas avoir accès, ou si peu, aux intentions que prêtent les fées aux "choses" bizarres qu'elles disent et font.
Exemple: une fée compte les dents d'un PJ (elle aimerait bien les manger, elle adooore les dents). Avec son petit doigt, elle compte dans l'air en regardant la bouche du PJ. Ne lui faites pas dire au PJ ce qu'elle est en train de faire. C'est mieux.
Ne pas en faire des créatures monobloc. Dans Station Mérovée, le sous-sol francilien est envahi par les fées de la Cour Sombre. Plutôt des méchantes a priori. J'ai en projet un ou plusieurs mini-bestiaires avec des fées noires dedans. J'étais tenté de les doter de Motivations comme les PJ humains, pour leur apporter quelques nuances. Puis je me suis fait la réflexion que, les concernant, il fallait mieux partir sur une dichotomie Lumière/Ténèbre.
Que, comme la société féerique avec sa Cour lumineuse et sa Cour d'ombre, les fées sont profondément divisées entre deux aspects. Ce qui est intéressant avec cette division c'est que chaque fée noire possède un aspect "positif", susceptible de la rendre meilleure. Et, à l'inverse, chaque fée blanche est dotée d'un aspect sombre, capable de la faire basculer.
Ce sont des êtres de magie. Fondamentalement. Elles vivent dans un univers mental où la réalité est élastique, mobile, modifiable... Dans leurs interactions avec le monde qui les entoure, elles ont toujours en tête que ce monde peut être changé. Dans leur sens ou dans un autre.
Ce sont des êtres de désir et de jouissance. Respirer, boire, manger, dormir, copuler... Ce ne sont pas des besoins pour les fées. Elles le font parce qu'elles en ont envie, nullement parce que ça leur est nécessaire. Soit une relation au vécu toute autre que la nôtre... Jouez les en ayant ce décalage en tête.
Vous avez d'autres idées?
Oui, je sais: je me suis servi de cette illustration (de Fred Blanchard) il y a peu de temps (ici) mais j'adore. |
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