Le couvercle de la boîte de Laborinthus. Par Patrick Savary. |
"Un jeu sans doute où vous vivrez mille et une morts, mille et une amours, terribles ou délicieuses. Un monde fascinant, un univers de personnages étranges, de scènes fabuleuses et de quêtes inquiètes. Des récits troublants qui n'iront pas sans vous entraîner au cœur de vos passions les plus sombres et les plus secrètes... Vous retrouverez, en filigrane, nos mythes et nos légendes que la profonde alchimie de Laborinthus transmuera pour en faire les moments de votre propre histoire. Vous, les adultes, voici enfin un jeu de rôle conçu pour vous. Parmi ces décors aux teintes médiévales mais où, ainsi que dans le rêve, l'anachronisme règne en maître, vous tisserez, entre amis, le roman de tous vos romans. Et cela simplement : sans avoir à assimiler des volumes entiers de règles assommantes, sans devoir compter avec des semaines de préparation solitaire, vous réinventerez, autour d'une table, le métier disparu des anciens conteurs."
J'ai réceptionné il y a peu de temps mon exemplaire de Laborinthus et son seul et unique supplément, Abraxas ou les Songes d'En Maalk.
Tout premier jeu de rôle helvétique, jeu de rôle le plus cher de l'Histoire du Jdr francophone, le plus beau aussi... C'est vraiment un Objet Ludique Non Identifié avec sa boîte au format inhabituel (22 cm sur 45), ses fourreaux, ses peintures, ses photos... Abraxas ou les Songes d'En Maalk, au format identique à celui de la boîte de base, contient même des plateaux de jeu et des (beaux) pions en bois.
La forme est surprenante mais le fond l'est tout autant.
Les règles se veulent assez simples, à base de lancers d'un seul d6. Une envie de simplicité contrariée par la nécessité de croiser le résultat du dé dans deux tableaux différents avant de savoir si l'action a réussi ou pas. N'ayant pas testé la chose – et je doute que ça arrive... –, je ne me rends pas compte de la fluidité du système à l'usage.
Quant au monde... C'est du "médiéval onirique". Ou de "l'onirique médiéval", au choix. Le médiéval servant surtout de prétexte à l'onirique, j'ai l'impression. D'ailleurs je vous avais déjà parlé de l'aspect graphique de ce jeu (ici) et dit à quel point il était surprenant de voir associées des photographies, même en noir et blanc, à un univers pré-industriel. Mais cet univers a un charme authentique.
Les scénarios ("scénariums" dans Laborinthus) se jouent en se servant des photos fournies – chaque photo ("photogrammes") accompagne, illustre, une partie de l'histoire – et en procédant à des tirages aléatoires permettant de rencontrer des "engins", des "créatures" et du "gibier". La différence entre engins, créatures et gibier étant parfois très tenue.
Par certains côtés, Laborinthus fait très OSR. La simplicité apparente des règles et les rencontres aléatoires doivent participer à cette impression. En plus du grand âge de ce jeu (janvier 1988). Et l'idée c'est vraiment de commencer à jouer rapidement – on parlerait de "bac à sable" dans l'esprit – sans préparation d'envergure. Bon, le côté "bac à sable" est vite contrarié par l'aspect assez dirigiste et linéaire, si je ne m'abuse, des "photogrammes-scénariums"...
À noter que Abraxas ou les Songes d'En Maalk faisait partie d'une trilogie annoncée. Malheureusement, les deux autres ouvrages, Névimandra ou La Rime des Enchanteurs et Balduin ou La Guerre des Princes, n'ont jamais été publiés. D'autres suppléments étaient prévus, des recharges de "Engins, Créatures & Gibier" ainsi que de nouvelles cartes (pour les rencontres aléatoires) : "Divinités, Fées & Catastrophes". Mais on ne saura jamais ce que ça aurait donné. Et c'est bien dommage car qu'est-ce que c'est beau ! Et étrange.
Tellement beau et étrange que je songe à me ruiner et à me commander un second exemplaire de chaque objet, exemplaires que je conserverai précieusement, sous cellophane, dans un coin obscur de mes étagères. Ce qui me permettra de feuilleter sans aucun scrupule mes premiers spécimens. Oui, je suis fou. Et un collectionneur maniaque qui n'aime pas abîmer ses beaux livres.
Vous trouverez une présentation détaillée du contenu de la boîte de base (en anglais, sorry) ici-même. Et des vidéos (encore en anglais, damned !) ici et ici. Mais que font les Francophones pour faire (re)vivre leur patrimoine ludique oublié ?
"Maîtres qui nous lisez, méfiez-vous des Songes d'En'Maalk : les pièges dont ils sont remplis ne mettront pas que les joueurs en danger ! Les héros déraperont souvent, désarçonnés par les mystères qui pullulent sur les sombres rivages du Nécron, mais gardez-vous d'en faire autant ! Épuisés par les assauts conjugués de la haine et de la honte, les héros végètent dans les geôles de Marrouques. Qui sont-ils maintenant ? Sont-ils plus libres ici enfermés qu'au plus profond de leur ancienne servitude ? Tous ne reviendront pas peut être des Songes d'En' Maalk. Tout du moins pas tout de suite, ni bientôt, ni sous leur forme actuelle."
Antioche, aquatinte, 16 x 14 cm. Illustration de Patrick Savary pour Laborinthus. |
Salut, pas d'accord avec toi: le premier JdR helvétique est l'excellent Tigres Volants, publié dans les années 1990 et quelques (fait une partie avec le créateur du jeu à cette époque et je me souviens encore de son accent suisse à couper au couteau). Mais je pinaille; c’était juste un prétexte pour te souhaiter de bonnes vacances. A+ Frag.
RépondreSupprimerLaborinthus : janvier 1988. Tu peux pas test. Bonnes vacances à toi aussi. ;-)
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