Si vous êtes joueur ou joueuse à Alastor 66, il pourrait être judicieux d'arrêter votre lecture ici. sous peine de vous faire divulgâcher certains secrets de la Lune démoniaque.
À force d'écrire des tables aléatoires, le background d'Alastor 66 s'épaissit. Inexorablement. Et pourtant, au début du projet, il s'agissait – et il s'agit toujours – de fournir un décor bac à sable, un décor où le·la MJ n'aurait pas à se farcir 500 pages de background avant de commencer à jouer. L'idée de base c'est:
"Nous sommes mille ans dans le Futur. L'être humain a colonisé la Voie lactée mais sans rencontrer de forme de vie extra-terrestre. Vos PJ sont des Marshals coloniaux, chargés de faire régner l'Ordre, la Paix et la Justice sur Alastor 66, une lune à l'autre bout de la Galaxie. Depuis vingt ans, Alastor 66 connaît une gigantesque ruée vers le ravenium, un mystérieux minerai capable d'altérer les lois de la physique. Alastor 66 est un monde obscur, recouvert de glace, balayée par des vents violents, à l'air rare. C'est aussi un monde déjà habité: les "Indigènes" sont les descendant·es de colons déportés sur la lune il y a deux siècles. Ces premiers colons étaient satanistes." Et en avant Guingamp.
Mais, même si j'ai envie de laisser la plus grande latitude possible aux MJ, à chaque fois que j'écris l'entrée d'une des multiples tables aléatoires du jeu, je rajoute du background. Du background non contraignant et modulable/oubliable mais du background quand-même.
Aujourd'hui, je vais déroger à ces beaux principes et vous éclairer sur certains aspects de l'univers d'A66 sans passer par les tables aléatoires. Libre à vous de vous en saisir ou pas. Aujourd'hui, je vais vous parler de Pluton. Pluton qui occupe une place toute particulière dans l'univers du jeu.
Au début du troisième millénaire, l'humanité semblait condamnée à s'entasser dans son système solaire. Les distances immenses de l'espace intersidéral et l'impossibilité théorique de dépasser la vitesse de la lumière rendaient la colonisation d'autres mondes, en orbite autour d'autres étoiles, bien improbable.
Puis l'être humain mit le pied sur Pluton. Et, ce faisant, il s'est ouvert la porte des étoiles.
Car, sur Pluton, les explorateur·trices ont découvert, dans d'étranges formations minérales, le ravenium. Et, avec le ravenium, l'humanité comprenait qu'elle pouvait, enfin, s'affranchir des lois de la physique, "plier" l'espace, s'émanciper de son vieux soleil et rejoindre les autres étoiles. Mais je vais trop vite.
Le ravenium tient son nom de la professeure Sonia Raven enseignante en physique-chimie au Gordon College, dans le Massachussetts. Sonia Raven était l'officier scientifique de la première mission terrienne à débarquer sur Pluton. Ce n'est pas elle qui découvrit les "étranges formations minérales" plutoniennes mais la découverte du ravenium et de ses incroyables capacités physiques est à porter entièrement à son crédit.
Les quantités de ravenium trouvées sur Pluton étaient modestes. Suffisantes pour créer les hypernefs et propulser l'humanité à travers la Voie lactée dans les siècles qui ont suivi mais pas assez abondantes pour rejoindre les autres galaxies ou même explorer de fond en comble la dite Voie lactée.
La découverte des gisements gigantesques sur A66 vient de changer la donne.
Mais il y a deux autres éléments essentiels qui lient Pluton à Alastor 66, ce sont les "Indigènes" d'A66 et les champignons.
A66 a été colonisée dans un premier temps par des "satanistes" déporté·es depuis le système solaire. Suite à l'émancipation de ses colonies et à la crise économique majeure qui en découla, la Fédération connaissait alors une poussée religieuse réactionnaire sans précédent. Et les masses fanatisées, manipulées par des politicien·nes peu scrupuleux·ses, demandaient du sang. Celui des déviant·es: divorcées, homosexuel·les, athé·es, païen·nes, féministes, libertaires... et satanistes.
Des millions d'adorateur·trices de Lucifer – celles et ceux qui ne furent pas massacré·es dans des pogroms – furent déporté·es sur Pluton. Cet exil forcé dura une génération avant que la Ligue des Mondes Libres, soutenue par de riches mécènes, propose d'accueillir les déporté·es sur le monde, ô combien hostile, d'Alastor 66 (qui ne portait pas encore ce nom à l'époque). La Fédération, trop contente de se débarrasser des "adorateur·trices du Malin", accepta et envoya ses millions de prisonnier·ères à l'autre bout de la Galaxie.
Les membres de l'Église Unifiée de Lucifer ne sont pas resté·es inactif·ves pendant la vingtaine d'années passée incarcéré·es sur Pluton. Notamment, pour nourrir les masses incarcérées, les nombreux scientifiques présent·es parmi les déporté·es ont élaboré de nouvelles souches de fungis capables de se développer dans des milieux extrêmes. Ces nouvelles souches auraient été élaborées à partir de matériaux "inorganiques" découverts sur Pluton même.
Lorsque les déporté·es sont arrivé·es sur A66, il·elles ont immédiatement mis en culture ces nouvelles souches. De nouvelles espèces qui leur ont permis de survivre, croître puis de se multiplier à la surface et dans les entrailles de la Lune démoniaque.
Et des bruits courent comme quoi les nombreuses espèces animales créées par les scientifiques alastorien·nes auraient toutes, dans leur ADN, des "morceaux" de "fungis de Pluton". Mieux (ou pire), les Alastorien·nes auraient utilisé ces "morceaux" pour modifier leur propre ADN, afin d'être plus adapté·es au milieu excessivement hostile de la Lune.
Vous trouvez ça excessivement lovecraftien? Vous avez raison.
Si vous faites une overdose de poulpe, n'en tenez aucun compte.
Champignon plutonien. Illustration de Loïc Muzy. |
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