samedi 30 octobre 2021

ALASTOR 66 passe le test Gibson-Sterling

Illustration de Josan Gonzalez. 

Qu'on soit bien d'accord : Alastor 66 est un jeu de rôle de Science-Fiction horrifique. Avec une (petite ?) touche western. Pour la partie "S-F" du jeu, je parle surtout de Science-Fiction spatiale. Mes références principales, de ce côté, sont Alien et Outland. Bref, pour revenir au sujet du jour, je n'ai pas (du tout) envisagé Alastor 66 comme un jdr cyberpunk.

Mais le bébé m'a quelque peu échappé et, en définitive, je crois bien qu'on peut, aussi, le ranger dans la famille des JdR chromés et pessimistes. Jusqu'à un certain point. À l'insu de mon plein gré.
Car c'est quoi le "Cyberpunk"?
Pour ma pomme, c'est: un Futur dystopique, la cybernétique, un environnement urbain, des mégacorpos dominatrices, des hackers et des I.A. maîtresses d'un réseau informatique immersif et globalisant, des inégalités sociales et économiques grandes comme la Fosse des Mariannes. Et c'est tout. Soit six éléments.

Est-ce que Alastor 66 remplit les critères ? 

■ Futur dystopique. 1/1

La Fédération – la structure politique supranationale qui englobe l'immense majorité de l'Humanité dans l'univers d'A66 – est, en théorie, une démocratie. Avec des citoyens et citoyennes qui élisent leurs représentants et représentantes au sein du Sénat de la Fédération.
En pratique, il en va tout autrement. Une part conséquente de la population n'a pas accès à la citoyenneté. C'est le cas de nombreux•ses habitant•es de la défunte Ligue des Mondes Libres. C'est le cas de celles et ceux qui survivent dans les Fosses, les ghettos misérables de la Sphère humaine. C'est le cas de la plupart des Mutant•es, des Génos organiques et de nombreux•ses Stellaires. Quant aux Robotas, Replicants, Humanimaux•ales, Génos synthétiques et Intelligences Artificielles, il•elles font fonction d'esclaves, rien de plus. 
Et, même pour les citoyen•nes enregistré•es, les libertés ont tendance à décliner, lentement mais sûrement, sous la poussée d'un totalitarisme crade qui ne dit pas (encore) son nom. 

Autre élément qui rend ce Futur particulièrement sombre: les développements scientifiques et technologiques issus de l'exploitation du ravenium sur A66 ne présagent (absolument) rien de bon pour l'avenir de l'Humanité. 

Bref. Futur dystopique : check.

■ La cybernétique. 1/1

C'est quelque chose que je ne n'ai pas mis en avant – ou si peu – dans mes parties comme dans mes écrits mais il y a bel et bien des prothèses cybernétiques (et bioniques) accessibles aux PJ et PNJ d'Alastor 66.
Du côté des Marshalls, il•elles peuvent acquérir ces prothèses à un tarif simple: une prothèse cybernétique ou bionique = un Test de Ruine. (Il faudra juste que j'explique un jour, à celles et ceux qui ne le savent pas encore, ce qu'est la Ruine...) 

Bref. Cybernétique : check. 

■ L'environnement urbain. 0,5/1

Il y a quelques mégalopoles tentaculaires, sur A66 et dans son espace proche. Mais ce n'est pas forcément là que les Marshalls vont passer plus de temps. Très régulièrement, les PJ vont explorer des étendues sauvages (et glacées), des Habitats désertés, des trains, des cavernes enténébrées, des Stations isolées... Les mégalopoles surpeuplées ne constituent qu'un décor parmi d'autres. 

Bref. Environnement urbain : semi-check. 

■ Les mégacorpos. 1/1

Les mégacorporations de l'univers d'A66 sont surpuissantes. Et méchamment amorales et mégalomanes. Elles constituent des adversaires de premier plan pour les Marshalls. Grave. 

Bref. Mégacorpos : méchant check. 

■ La Matrice. 1/1

Ben oui. Même si il s'agit d'un élément (très) mineur du jeu, il y en a bel et bien une. Façon Tron car – souvenez-vous –, pour ce jeu, je cultive les références au cinéma de genre US des années 80.
Vous aurez l'occasion de la découvrir avec une future Zone en mode binaire. 

Bref. Matrice : check. 

■ Les inégalités. 1/1

L'univers d'A66 cultive des injustices sociales et économiques qui feraient passer le Brésil pour une démocratie sociale scandinave. 
Au sommet, vous trouvez les Alphas, immortel•les des Maisons nobles vivant dans le luxe des cités célestes de Vénus ou Capella, et les cadres supérieurs Corpos, nantis des cités orbitales de L4, L5 et la Lune.
Très loin en dessous, vous avez les milliards de miséreux•ses qui essaient de survivre un jour de plus dans des Habitats précaires et sur des mondes mal terraformés. Avec peu ou pas d'espoir d'un avenir meilleur. 
Entre les deux, la société vivote avec des salaires faibles, des conditions de vie 1précaires et des perspectives très limitées. 

Bref. Inégalités : check. 

Soit 5,5 sur 6 sur l'échelle de Gibson-Sterling. Voilà, vous ne le saviez pas – et je ne le savais pas non plus – mais Alastor 66 est, aussi, un jeu de rôle cyberpunk. Ce qui ne veut pas dire que vous devez le jouer comme un JdR cyberpunk. Que nenni. Perso, j'ai une toute autre vision de la chose.
Et vous, de votre côté, ne conservez que les éléments de jeu qui vous plaisent. On reste dans du "bac à sable". 

Pour être tout à fait honnête, j'aime le Cyberpunk et le jeu de rôle éponyme (on dit comme ça ?). J'en ai plein dans ma ludothèque, même du Cyberspace c'est dire... Ça ne me surprend guère que ce genre ait quelque peu débordé dans A66. 

Illustration de Josan Gonzalez. 

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